Le récit du sacrifice ordonné par Allah à Ibrâhîm – Ibn Kathîr


Le récit du sacrifice
ordonné par Allah à Ibrâhîm

Ibn Kathîr

 

 

Allah سبحانه و تعالى dit :  

وَقَالَ إِنِّى ذَاهِبٌ إِلَىٰ رَبِّى سَيَهْدِينِ ♦ رَبِّ هَبْ لِى مِنَ ٱلصَّٰلِحِينَ ♦ فَبَشَّرْنَٰهُ بِغُلَٰمٍ حَلِيمٍۢ ♦ فَلَمَّا بَلَغَ مَعَهُ ٱلسَّعْىَ قَالَ يَٰبُنَىَّ إِنِّىٓ أَرَىٰ فِى ٱلْمَنَامِ أَنِّىٓ أَذْبَحُكَ فَٱنظُرْ مَاذَا تَرَىٰ ۚ قَالَ يَٰٓأَبَتِ ٱفْعَلْ مَا تُؤْمَرُ ۖ سَتَجِدُنِىٓ إِن شَآءَ ٱللَّهُ مِنَ ٱلصَّٰبِرِينَ ♦ فَلَمَّآ أَسْلَمَا وَتَلَّهُۥ لِلْجَبِينِ ♦ وَنَٰدَيْنَٰهُ أَن يَٰٓإِبْرَٰهِيمُ ♦ قَدْ صَدَّقْتَ ٱلرُّءْيَآ ۚ إِنَّا كَذَٰلِكَ نَجْزِى ٱلْمُحْسِنِينَ ♦ إِنَّ هَٰذَا لَهُوَ ٱلْبَلَٰٓؤُا۟ ٱلْمُبِينُ ♦ وَفَدَيْنَٰهُ بِذِبْحٍ عَظِيمٍۢ ♦ وَتَرَكْنَا عَلَيْهِ فِى ٱلْءَاخِرِينَ ♦ سَلَٰمٌ عَلَىٰٓ إِبْرَٰهِيمَ ♦ كَذَٰلِكَ نَجْزِى ٱلْمُحْسِنِينَ ♦ إِنَّهُۥ مِنْ عِبَادِنَا ٱلْمُؤْمِنِينَ ♦ وَبَشَّرْنَٰهُ بِإِسْحَٰقَ نَبِيًّۭا مِّنَ ٱلصَّٰلِحِينَ ♦ وَبَٰرَكْنَا عَلَيْهِ وَعَلَىٰٓ إِسْحَٰقَ ۚ وَمِن ذُرِّيَّتِهِمَا مُحْسِنٌۭ وَظَالِمٌۭ لِّنَفْسِهِۦ مُبِينٌۭ 

Et  [Ibrâhîm] dit : “Je pars vers mon Seigneur et Il me guidera. “Seigneur, fais-moi don d’une progéniture parmi les vertueux.” Nous lui fîmes donc la bonne annonce d’un garçon patient (Ismâ’îl). Puis quand celui-ci fut en âge de l’accompagner, Ibrâhîm dit : “Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois ce que tu en penses.” Il dit : “Ô mon père ! Fais ce qu’on t’a ordonné, tu me trouveras, s’il plaît à Allah, parmi les patients.” Puis quand tous deux se furent soumis à l’ordre d’Allah et qu’Ibrâhîm eut jeté son fils sur le front, voilà que Nous l’appelâmes : “Ô Ibrâhîm ! Tu as cru et t’es conformé à la vision. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants.” C’était là certes, l’épreuve manifeste. Et Nous remplaçâmes [l’immolation d’Ismâ’îl] par le sacrifice d’une belle bête. Et Nous perpétuâmes son renom dans la postérité : “Paix sur Ibrâhîm.” Ainsi récompensons-Nous les bienfaisants, car il était de Nos serviteurs croyants. Nous lui fîmes la bonne annonce de Ishâq comme prophète d’entre les gens vertueux. Et Nous bénîmes Ibrâhîm ainsi que Ishâq. Parmi leurs descendances, il y a celui qui fait le bien et celui qui est injuste envers lui-même, en commettant le mal.
Sourate As-Sâffât, v.99-113. 

Allah سبحانه و تعالى rappelle que lorsque Ibrâhîm, l’ami privilégié d’Allah, émigra de son pays natal, il invoqua son Seigneur afin qu’Il lui accorde un enfant pieux. Allah lui annonça alors la naissance d’un fils magnanime, qui est Ismâ’îl عليه السلام. Il fut son premier enfant  alors qu’il était âgé de quatre-vingt-six ans, et toutes les communautés  sont d’accord à ce sujet.

Allah سبحانه و تعالى dit : “quand celui-ci fut en âge de l’accompagner” c’est-à-dire qu’il devint un jeune homme à même de subvenir à ses besoins comme son père.
Mujâhid dit à ce propos : C’est-à-dire qu’il devint un jeune homme capable d’accomplir les mêmes efforts et travaux que son père.
C’est alors que Ibrâhîm vit en rêve qu’on lui ordonnait de sacrifier son fils. Or, dans le hadith rapporté par Ibn ‘Abbâs ﺭﺿﻲ ﺍﻟﻠﻪ ﻋﻨﻪ, il est dit : Les visions des prophètes font partie de la révélation.

Allah سبحانه و تعالى mit ainsi à l’épreuve Son ami privilégié en lui ordonnant de sacrifier son enfant chéri qu’il eut à un âge avancé, après qu’on lui ait déjà ordonné de les établir lui et sa mère en un lieu désertique, ne contenant rien et personne, sans agriculture ni élevage. Il se soumit à l’ordre d’Allah et les laissa en ce lieu en plaçant toute sa confiance en Allah qui leur accorda une consolation et une issue en leur donnant des moyens de subsistance inespérés. Ensuite, lorsqu’on lui ordonna de sacrifier son seul et unique enfant, il se soumit à l’ordre de son Seigneur et s’empressa de Lui obéir.

Il informa ensuite son fils afin d’apaiser son esprit et que cela lui soit plus facile, plutôt que de le saisir et l’immoler de force, et l’aider à accepter le décret d’Allah. “Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois ce que tu en penses.” Le fils magnanime, la joie de Ibrâhîm, s’empressa de dire : “Ô mon père ! Fais ce qu’on t’a ordonné, tu me retrouveras, s’il plaît à Allah, parmi les patients.”

Cette réponse est le sommet de l’obéissance et de la soumission au père ainsi qu’au Seigneur des hommes.

Allah سبحانه و تعالى dit : “Puis quand tous les deux se furent soumis à l’ordre d’Allah et qu’Ibrâhîm eut jeté son fils sur le front”
Selon Ibn ‘Abbâs, Mujâhid, Sa’îd Ibn Jubayr, Qatâdah et Ad-Dahhâk, Ibrâhîm plaça le couteau sur la nuque de Ismâ’îl afin de ne pas voir son visage au moment de l’immoler. D’autres sont d’avis qu’il l’étendit à la manière d’un sacrifice, sur le côté, une partie du front collé au sol. “Quand tous deux se furent soumis”, c’est-à-dire que Ibrâhîm prononça le nom d’Allah et Le glorifia, et fit prononcer à l’enfant l’attestation de foi avant la mort.
As-Suddî et d’autres exégètes ont dit : Il fit passer le couteau sur la gorge, mais le couteau ne trancha rien.
On dit également qu’on plaça sur son cou une feuille de cuivre.
Et Allah est le plus savant.

Il fut alors interpellé par Allah سبحانه و تعالى : “Ô Ibrâhîm ! Tu as cru et t’es conformé à la vision.” C’est-à-dire que le but de ton épreuve a été atteint. Tu as obéi à ton Seigneur en Lui faisant l’offrande de ton enfant, avant cela tu as offert ton corps au feu, et tu dépenses sans compter pour tes hôtes.
C’est pour cela qu’Allah dit : C’était là certes, l’épreuve manifeste.” C’est-à-dire l’épreuve apparente et évidente.

Allah سبحانه و تعالى dit ensuite : “Et nous remplaçâmes [l’immolation de Ismâ’îl] par le sacrifice d’une belle bête.” C’est-à-dire que Nous remplaçâmes ce sacrifice par un autre. La majorité des savants est d’avis qu’il s’agissait d’un bélier blanc, avec deux taches sur les yeux et des cornes qu’il vit attaché à un arbre sur le mont Thabîr (Ndt : mont situé aux environs de La Mecque).
At-Thawrî rapporte de Ibn ‘Abbâs que ce bélier est resté quarante années à paître au Paradis, Sa’îd Ibn Jubayr a dit que ce bélier reposait au Paradis avant d’arriver sur le mont Thabîr, et sa laine était rousse.
Ibn Abî Hâtim rapporte que Ibn ‘Abbas a dit : Un bélier avec deux taches sur les yeux et des cornes est venu à lui en bêlant depuis le mont Thabîr, et il l’immola. Et il s’agissait du bélier qu’Allah سبحانه و تعالى accepta en offrande d’un des fils de Âdam (Hâbîl).
Pour Mujâhid
, ce bélier fut immolé à Minâ, mais pour ‘Ubayd Ibn ‘Umayr, il fut sacrifié au Maqâm (Ndt : au sein de la Mosquée Sacrée de L Mecque.)
Quant à ce qu’on rapporte de Ibn ‘Abbâs disant qu’il s’agissant d’un mouflon, ou de Al-Hasan disant qu’il s’agissait d’un bouc dont le nom était Jarîr, rien de cela ne leur est authentiquement attribué. Il reste que la plupart de ces avis s’appuient sur des Gens du Livre et ce qui est rapporté dans le Coran est suffisant pour comprendre cet évènement éminent et cette épreuve splendide en disant [simplement] qu’il fut remplacé par une belle bête.

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Extrait tiré du livre :

L’Authentique des Récits des Prophètes
(Œuvre Intégrale)

Écrit Par Ibn Kathîr

Pages 258/261 – Éditions Tawbah

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Note 4,8/5 ⭐⭐⭐⭐⭐ (selon 12 avis)


Retranscription autorisée par les éditions Tawbah.

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