Il les aime et ils L’aiment
Ibn Al-Jawzî
J’ai médité la Parole d’Allah سبحانه و تعالى :
يُحِبُّهُمْ وَيُحِبُّونَهُۥٓ
Il les aime et ils L’aiment.
Sourate Al-Mâ-idah, v.54.
Et j’ai constaté que l’âme refuse d’éprouver pour le Créateur un amour qui provoque un sentiment, et elle dit : « L’aimer, c’est lui obéir »
J’ai réfléchis sur cela et j’ai vu qu’elle ignorait ce sentiment parce qu’elle est dominée par ses sens.
En effet, l’amour né des sens ne dépasse pas celui des formes physiques, alors que l’amour né de la science et de l’œuvre perçoit les formes abstraites et les aime.
Nous voyons des gens aimer Abû Bakr, d’autre ‘Ali, des gens s’attacher exagérément Ahmed Ibn Hanbal, et d’autres à Ash’ârî. Ils se combattent et sacrifient leur vie pour cela. Pourtant ils ne sont pas de ceux qui ont pu les voir, et ce n’est pas l’aspect physique de ces hommes qui inspire cet amour, mais l’idée qu’ils s’en sont faits et qui leur a indiqué la perfection qu’ils ont atteint dans les sciences L’amour apparut en raison de ces représentations perçues par le regard de la clairvoyance.
Qu’en est-il alors de Celui qui a conçu ces formes abstraites et les a offertes ?
Comment ne pas aimer Celui qui m’a fait don des délectations de mes sens et m’a fait découvrir celles de ma science ? Car ma délectation dans le savoir et la compréhension de des sciences m’est plus agréable que tous les plaisirs sensuels ! Il est Celui qui m’a enseigné, a créé en moi une faculté de compréhension et m’a guidé vers ce que j’ai saisi.
De plus, il m’apparaît, à chaque instant, dans une nouvelle créature : je Le vois dans la perfection de la création et la beauté de la créature. Tous ce que j’aime, vient, émane et existe par Lui, qu’il s’agisse d’un amour sensuel ou abstrait. C’est Lui qui facilite les chemins de la compréhension, et celle-ci provient de Lui. Et la plus grande délectation réside dans la connaissance que j’ai de Lui, et sans Son enseignement je ne L’aurais pas connu.
Comment ne pas aimer Celui par qui je suis, qui prolonge mon existence, me dirige, et vers qui je me retournerai ? Toute belle chose aimée, c’est Lui qui l’a conçue, parée et y a attaché les âmes. Celui qui possède un pouvoir absolu est supérieur a celui qu’Il dirige, le Maître d’œuvre est meilleur que celui qu’il conçoit, et le sens de la compréhension est d’un savoir plus doux que la chose saisie. Quand nous voyons une très belle gravure, l’admiration pour le graveur, l’émerveillement que nous éprouvons devant lui et la délicatesse de son art, s’empare de nous au détriment de la gravure.
C’est vers cela que s’élèvent les pensées pures lorsque leur regard transperce les choses sensibles pour aller au-delà. Alors surgit nécessairement l’amour pour le Créateur. En fonction de la vision qu’on aura du créateur dans l’œuvre, surviendra l’amour lui. S’il est puissant, il inspire trouble et désir, s’il conduit le clairvoyant au rang de la crainte révérencielle, il provoque la peu, et s’il l’amène à constater Sa générosité il fait naître un grand espoir.
قَدْ عَلِمَ كُلُّ أُنَاسٍۢ مَّشْرَبَهُمْ
Chaque tribu sut d’où s’abreuver
Sourate Al-Baqarah, v.60.
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Extrait tiré du livre :
Écrit Par Ibn Al-Jawzî
Pages 45/46 – Édition Tawbah
Note 5/5 ⭐⭐⭐⭐⭐ (selon 1 avis)
Retranscription autorisée par l’édition Tawbah.