Le choix des amis – Ibn Al-Jawzî


Le choix des amis

Ibn Al-Jawzî

 

 

L’homme raisonnable doit d’abord considérer les racines de ceux qui sont ses fréquentations, connaissances associés, amis, et conjoints, et ensuite seulement il doit regarder les apparences, car leur rectitude indique la rectitude de for intérieur.

Pour ce qui est des racines, cela est dû au fait que toute chose revient à ses racines, il est improbable qu’une personne qui n’a aucune racine détienne une chose agréable : ainsi la jolie femme qui vient d’une famille vile a peu de chance d’être vertueuse, et en est de même pour l’ami, l’associé et la connaissance.

Fais donc bien attention de ne fréquenter que celui qui a des racines qu’il craint de souiller, car il comporte généralement la préservation, même si l’inverse peut survenir en de rare cas.

‘Umar Ibn ‘Abdl Al-’Azîz dit à un homme :

Indique-moi qui employer ?
Il répondit : Les dignitaires religieux ne voudront pas, les dignitaires mondains, tu n’en veux pas, mais attache-toi aux nobles car ils préservent leur noblesse de ce qui ne convient pas.

Abû Bakr As-Sûlî rapporte d’après […] Ishâq :
Un jour, Al-Mu’tasim me fit mander et entrer avec lui au hammam. Puis il en sortit et m’y laissa seul en disant :

Ô Abû Ishâq ! Je voudrais t’interroger sur une chose qui me pèse : mon frère Al-Ma’mûm a employé des gens et en a recueilli les fruits, et j’ai moi aussi employé des gens semblables mais je n’ai rien recueilli du tout.
– Qui sont-ils ?
– Il a employé Tâhir et son fils Ishâq, et la famille de Sahl, et tu sais comment ils sont. Quant à moi j’ai employé Al-Afshîn, et tu sais ce qui est advenu de lui, Ashnâs duquel je n’ai tiré, de même que ÎtÂkh et Wasîf.
– Ô Commandeur des croyants ! Il y a une réponse mais suis-je protégé contre ta colère ?
– Oui, cela t’est accordé.
– Ton frère a considéré les racines qu’il a employées, et il en a tiré des branches, quant à toi, tu as employé des branches sans racines, et tu n’as rien récolté !
– Ô Abû Ishâq ! La souffrance que j’ai endurée toute ces années est moindre que cette réponse.¹

Pour ce qui est des apparences, lorsque la constitution est saine, elles ne comportent aucun défaut : en général un for intérieur sain et un bon comportement. Mais lorsqu’elle comporte un défaut, il repose également dans le for intérieur.

Prends garde à l’infime comme le chauve, l’aveugle et autre, car leur for intérieur est généralement vil. Ensuite, en plus de connaître les racines et la perfection de celui que l’on fréquente, il faut le tester avant de le fréquenter et prendre toutes les précautions nécessaires, et s’il est comme il faut, alors c’est un bien.²

¹Ishâq est Ishâq Ibn Ibrâhîm Al-Mas’abî, le responsable des forces de Al-Ma’mûn, Al-Mu’tasim, Al-Wâthiq, puis Al-Mutawakkil, les célèbres califes abbassides. Tâhir, son fils et la famille de Sahl sont les chefs armées et ministres de Al-Ma’mûn. Al-Afshîn, Ashnâs, ÎtÂkh et Wasîf sont de jeunes turcs employés par Al-Mu’tasim dont la mère était turque, et il en fit ses chefs des armés. Al-Afshîn le trahit de son vivant, quant aux autres ils furent les assassins de ses enfants et petit-enfants.

²Les propos de l’auteur ne sauraient avoir une portée générale, car si l’honneur de la lignée compte, elle ne dispense pas de l’honneur de la personne, et la belle apparence n’indique pas nécessairement la bonté de la personne. Combien de savant étaient laids d’apparence ou infirmes, et pourtant cela n’enlève rien à leur rang et leur noblesse.

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Extrait tiré du livre :

Les Pensées Précieuses

Écrit Par Ibn Al-Jawzî

Pages 247/248 – Édition Tawbah

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Note 4,8/5 ⭐⭐⭐⭐⭐ (selon 14 avis)

 

Retranscription autorisée par l’édition Tawbah.

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