Cours n°33
Concernant les formules de conjuration (roqiya) et les amulettes
Les formules de conjuration (rouqa)
Pluriel de roqiya (c’est à dire une formule), ce terme désigne l’invocation qui est prononcée sur celui qui est atteint d’un mal comme la fièvre ou l’épilepsie ou autres. On les nomme également ‘azaim, elles se composent de deux catégories :
→ La première catégorie : celles qui sont exemptes de toutes formes de polythéisme.
Elles consistent à lire des passages du coran sur le malade, ou à le protéger en citant sur lui les noms et attributs d’Allah, ceci est autorisé, car le prophète صلى الله عليه وسلم a cité ces formules, il les ordonna même et les autorisa.
A’ouf ibn Malik رضي الله عنه a dit : “Dans la période de l’ignorance nous pratiquions les formules de conjuration” nous dîmes : “Ô envoyé d’Allah que penses-tu de cela ? ” il dit : “présentez-moi vos formules, il n’y a pas de mal à utiliser les formules de conjuration tant qu’elles ne comportent pas de polythéisme”.
L’Imam Assouyouti a dit dans fath al-majid p.135 :
Les savants sont unanimes sur l’autorisation d’utiliser les formules de conjuration si celles-ci réunissent trois conditions :
♦ Qu’elles soient de la parole d’Allah, de ses noms et attributs.
♦ Qu’elles soient en langue arabe dont le sens est compréhensible.
♦Croire que ces formules n’ont pas d’influence de par elles-mêmes, mais de par la prédestination d’Allah
Le mode d’emploie de ces formules de conjuration consistent à les réciter puis à souffler sur le malade, ou bien les réciter sur de l’eau puis faire boire le malade cette eau comme il a été précisé dans le hadith de Thabit ibn Quaiss رضي الله عنه : “Le prophète صلى الله عليه وسلم pris de la terre de la vallée bathane puis la déposa dans un pot, ensuite (après avoir entré de l’eau dans sa bouche) il la recracha (dans le pot) puis la versa sur lui” (Rapporté par Abou Dawud et Ibn Hibane et jugé faible par Sheikh Al Albani voir a-silsila a-da’ifa (hadith 1005) (NDT))
→ La deuxième catégorie : Celles qui ne sont pas exemptes de polythéisme.
Ce sont les formules qui sont utilisées afin de demander de l’aide à un autre qu’Allah comme invoquer un autre qu’Allah, lui demander secours et protection, à l’exemple des noms des djinns, des anges, des prophètes ou des personnes pieuses.
Ces invocations, destinées à un autre qu’Allah, sont du polythéisme majeur. De même, celles qui sont dans une langue non arabe ou qui pour lesquelles le sens reste incompréhensible. On craint de ce fait qu’elles comprennent des termes de polythéisme et de mécréance sans que l’on puisse en avoir connaissance.
Cette catégorie de formules de conjuration est strictement interdite.
Les amulettes (tama im)
Pluriel de tamima, c’est tout ce que l’on accroche aux cous des enfants pour repousser le mauvais œil. On les attache parfois aux cous des adultes (hommes ou femmes), elles sont de deux catégories :
→ Celles qui sont du coran, on écrit des versets coraniques ou des noms et attributs d’Allah puis on les attache afin d’obtenir la guérison d’Allah. Cette catégorie a suscité une divergence d’opinions chez les savants quant à son statut :
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Le premier avis: l’autorisation. C’est l’avis de Abdallâh ibn al ‘amr ibn al’as, et c’est apparemment ce qui a été rapporté de Aicha, c’est l’avis également de Abou ja’far al baqui et Ahmed ibn hanbal dans l’une de ses versions. Ils ont considéré l’interdiction de porter les amulettes présente dans le hadith, comme étant restreinte aux amulettes qui contiennent du polythéisme.
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Le deuxième avis : l’interdiction. C’est l’avis d’Ibn Mas’oud et Ibn ‘abbas et c’est apparemment l’avis de Houdhaifa, et ‘Ouqba ibn Amir et l’avis d’un grand nombre d’adeptes des compagnons (tabi’ine) parmi eux : Les compagnons d’Ibn Mass’oud et Ahmed dans un de ses dires qui lui sont attribués et l’ont choisi (ce dire) la plupart de ses adeptes. Ceux qui sont venus après (les premiers siècles) ont tranché (le dilemme) et ont sélectionné le deuxième avis en s’appuyant sur ce qu’a rapporté Ibn Mass’oud رضي الله عنه, il dit : j’ai entendu le prophète صلى الله عليه وسلم dire : “Les formules de conjuration, les amulettes et a-tiwalah sont (une forme) de polythéisme” (Rapporté par Ahmed, Abou Dawud, Ibn Maja et Al Hakim.)
(Tiwala: chose que l’on fabrique, ils prétendent qu’elle suscite l’amour de la femme pour son mari et réciproquement.)
C’est l’avis authentique et cela pour trois raisons:
♦ L’interdiction (dans le hadith) est générale et il n’y a rien qui la restreint.
♦ Barrer la route à tout ce qui peut amener au rattachement (de l’homme) à ce qui n’est pas autorisé.
♦ Celui qui attache à lui quelque chose du coran peut, dans certains cas, le négliger comme lorsqu’il rentre dans les toilettes ou qu’il se lave de ses besoins.
→ Celles qui sont accrochées aux gens et qui ne sont pas du coran, comme les colliers, les os, les coquillages, les lacets, les fils, les talismans, les clous, les noms de diables et de djinns. Ceci est interdit et est une forme de polythéisme, c’est le rattachement à un autre qu’Allah, pureté à lui, ses noms, ses attributs et ses signes.
Dans le hadith il est dit : “celui qui s’attache à une chose sera voué à elle” (Rapporté par Tirmidhi et jugé bon (hassan) par Albani voir ghayta al-maram (hadith 297) (NDT).) c’est-à-dire qu’Allah le vouera à cette chose à laquelle il s’est rattachée. Celui donc qui se rattache à Allah, cherche protection en lui et s’en remet à lui, il lui sera suffisant.
Quant à celui qui s’attache à un autre que lui comme les créatures, les amulettes, les remèdes et les tombes, Allah le vouera à cette chose qui ne lui sera d’aucune utilité, et qui ne possède aucun moyen de le nuire, ni de lui profiter. Il perdra ainsi sa croyance et coupera le lien entre lui et son seigneur, alors il (Allah) le délaissera.
Ce qui est d’obligatoire pour tout musulman, est qu’il protège sa croyance de tout ce qui l’endommage ou la fragilise, il ne doit donc pas employer les remèdes qui lui sont interdits et ne doit pas consulter les imposteurs et charlatans afin qu’ils le soignent des maladies, et celui qui place sa confiance à Allah, il lui suffira.
Il y a des gens qui attachent ces choses à eux-mêmes alors qu’ils sont sains de toute maladie palpable, leur maladie n’est qu’imaginaire, ce n’est, en réalité, que la peur du mauvais œil et de la jalousie. Ou bien ils accrochent ces choses à leurs voitures, leurs montures, la porte de leur maison ou leur magasin. Tout ceci est dû à la faiblesse de la croyance et de la confiance en Allah.
La faiblesse de la croyance est la réelle maladie qui doit être traitée par la connaissance de l’unicité et du dogme authentique.
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Traduction tiré du livre |
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